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"Ceux qui aiment marcher en rangs sur une musique; ce ne peut être que par erreur qu'ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement" (Albert Einstein)

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Le revenant

samedi 28 mai 2011

APPEL URGENT AU PRESIDENT AMADOU TOUMANI TOURE ET A L'ETAT MALIEN!

27-05-2011, 12h33

source: www.Kidal.info

Nous populations du Nord appellons l'Etat malien à prendre ses responsabilités vis à vis de la situation actuelle de la présence de plus en plus visible du mouvement extrémiste AQMI dans nos villages et nos campements.
Musulmans pratiquants à 100%, nous avons toujours cultivé la connaissance religieuse tolérante dans nos cœurs et dans nos esprits et après avoir vécu plusieurs rebellions sur notre zone de vie, nous assistons à une démission complète de l'Etat vis à vis d'individus qui s'infiltrent petit à petit dans le tissu social.
Jusque là, ces pseudo djihadistes qui vivent de rançons et d'activités illicites ont été considérés comme un corps étranger, aujourd'hui avec le recrutement de plusieurs milliers de maliens toutes ethnies confondues, nous ne comprenons pas la politique des yeux fermés de l'Etat malien qui prend le risque de voir l'Histoire de l’Algérie du FIS et du GIA s'écrire en lettre de sang sur notre territoire avec tout ce que cela comporte comme conséquences.
Ainsi, nous interpellons le président Amadou Toumani TOURE ainsi que son gouvernement, le chef d’état major des armées, les gouverneurs de régions, les préfets, les maires, les chefs tribaux et leaders communautaires à la vigilance et à la réactivité.
Nous demandons la création du zone de "containement" des mouvements de AQMI à 300 km au delà de toute zone d'habitation afin que les populations puissent vivre sans crainte de gens qui commencent à dicter à ces dernières les lois de nouvelles pratiques religieuses contraires à nos pratiques et à nos rites malékites.
Nous proposons à l'Etat de créer des commandements militaires mixtes sur le modèle qui a permis de stopper la dernière rébellion avec les moyens et les hommes précieusement sélectionnés pour mettre en place cette stratégie.
Nous demandons à l'Etat d'arrêter d'opposer le manque de moyens à toute intervention afin qu'il prenne confiance dans ses capacités et dans l'esprit patriotique de tous ses fils, car les moyens existent et savons qu'ils sont largement suffisant, quand la volonté y est pour démanteler les quelques bases existantes, avant qu'il ne soit trop tard.
Nous demandons une tournée générale de tous les gouverneurs des 3 régions accompagnés des préfets, , chefs des services techniques, maires et chef religieux sur toute l'étendue du territoire afin de discuter avec les populations pour les rassurer et prendre note de leurs préoccupations et de leurs conditions de vie.
Nous avertissons l'Etat malien et toutes les autorités du danger immense que notre zone de vie court, qu'il est déjà difficile de combattre mais qu'il sera encore plus difficile de combattre quand la greffe prendra.
Si l'Etat malien ne fait rien, nous nous déchargeons de toute responsabilité et nous nous verrons dans l'obligation d'adhérer massivement à AQMI et de profiter des largesses dont ils bénéficient pour inventer un nouveau mode de développement complètement parallèle aux politiques de l'Etat en la matière.

Ce cri de douleur est celui de toute une population entre le marteau de l'abandon et l'enclume de l'extrémisme.
Ce appel ne sera pas signé car il résume la pensée et l’état d'esprit de toute la population du Nord Mali sans distinction d'ethnie et de couleur.
Excellence, Monsieur le président, Puisse Dieu tout puissant vous donner la force et le courage, de nous répondre non pas par courrier mais par des actes concrets et visibles sur le terrain.

mardi 24 mai 2011

VIVE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE ET LES VALEURS INTERNATIONALES A BON ESCIENT !

La recherche de marchés et de matières 1ères plus que jamais se jouent au cœur de l'Afrique et qu'importe les révoltes ou révolutions qui les jalonneront, seuls les résultats ine fine compteront L'analyse des questions d'emploi, de sécurité et autres bien qu'étant de la responsabilité des autorités nationales (Etat et collectivités) n'en demeure pas moins indissociable des jeux de rapports au plan mondial La relation de la Chine avec les USA et l'Europe autour de sa politique monétaire voire commerciale en est aujourd'hui est cas d'école, à méditer

Des barbares des temps nouveaux au nom du droit international tuent avec grande joie de petits libyens sans valeur ni nom (sic !). Malheur à vous, mort sans âme, vous êtes déjà oubliés car non comptabilisés sauf au titre des damnés ! Célèbres vous êtes Benghazi, Misrata , Zaouïa.et autres ! Triste célébrité entre fils qui se tuent et appellent à se faire tuer allègrement ! Pour protéger les civils libyens innocents, rien de tel que d'en tuer autant, avec discrétion et de loin- ha ! ha !: ha ! mais, attendez, je me joins à eux pour laminer l'a seule œuvre du Guide (et non sa peau !) dans nos contrées (endormir la jeunesse par du soufisme)!

Les peuples floués de leurs ressources qui enrichissent et développant ailleurs dans le mépris bien entendu des valeurs internationales :

- à qui profiteront les ressources gelées du Guide et de ses proches (les USA et l'Europe certainement) ?
- à qui profitent les hôtels et autres éléments de patrimoine présumés appartenir à des grands dignitaires africains mais bien solidement implantés en France et ailleurs en dehors du continent ?

Les pays d'accueil ignoraient- ils vraiment les sources de ces grandes fortunes ? Si non, pourquoi avoir fermé les yeux si le bonheur des populations est au cœur des questions de droits humains et de gouvernance ? Pur vol ! Où sont les défenseurs de droits pour crier au scandale et mettre les citoyens dans leur droit ?
Certes tuer son peuple est sacrilège mais, tuer d'autres peuples est- il aussi moralement acceptable ? Je rappelle qu'il n'y a pas que les bombes qui tuent ! Qui est libyen et qui ne l'est pas : les victimes ''collatérales'' des bombardements des coalisés ou les victimes des pro-Kadhaffi ? Pourquoi a-t-on superbement méprisée la proposition Vénézuélienne ?
Et si une nouvelle carte de l'Afrique ('le remodelage de la géostratégie mondiale'', dixit le Ministre des Affaires Etrangères de la GB) se mettait en place sous sons yeux avec comme embryons l'Etat sans nom du Sud Soudan et le territoire de toutes les hantises, l'Espace Sahélo- saharien !

Le débat sur les états fragiles et leur incapacité ressurgissent tout comme celui du lien entre gouvernance mondiale et gouvernance locale

Et si un nouvel Irak s'ouvrait au Nord de mon pays avec des rebelles armés par le couple Occident- USA, histoire d'initier de nouvelles recrues à l'art de la guerre ?

Ceux qui se sont octroyé le droit de tuer impunément au nom d'un certain droit international mériteraient à ne jamais oublier qu'à moins d'extermination (des autres), ils n'auront fait que repousser des échéances !

Quel Weaki Leak nous enseignera sur les non- dits de cette guerre injuste et inutile ! les médias qu'il m'est donné d'entendre brillent par leur `'grande impartialité'', tellement que cela frise le ridicule ! Alors, pourrions- nous revenir au débat sur lma déontologie des hommes de médias dans un contexte de géopolitique impliquant les intérêts dits vitaux de leurs pays ?

Abdoulaye Aly DIALLO
Bamako (Mali) »

dimanche 22 mai 2011

Audience du blog ou le tour du monde des "poussiéristes"

Merci à tous les visiteurs poussiéristes" et laissez des petits messages (un mot dur, un mot doux, une critique, ce qui vous passe par la tête).

samedi 21 mai 2011

Ethnicité en Afrique, "la vraie vérité" crue!

 A lire à tout prix...

Extraits:L'Éthnicité en Afrique (abdoulaye diagne)

" Les conflits ethniques, en Afrique, sont liés à l'absence d'un lien inventé qui scelle une destinée commune. Comme nous l'avons déjà évoqué, la plupart des premiers gouvernants des Etats africains indépendants sont des héritiers du colonialisme. Leurs rapports avec les populations des pays qu'ils gouvernent ou gouvernaient sont proches de ceux des colons. La plupart d'entre eux ont accédé au pouvoir avec l'aide des anciens occupants. Pour se maintenir, beaucoup de politiques africains ont usé des mêmes stratagèmes que ceux de leurs soutiens. Ils ont dressé des ethnies les unes contre les autres.
De la même manière que la traite des esclaves et la colonisation ont été facilitées par des collaborateurs africains, le néocolonialisme s'est opéré grâce à des complices africains. "La liste ensanglantée des patriotes qui ont eu le tort de rêver à une Afrique indépendante et unitaire et africaine est interminable. Ouverte avec le meurtre de Ruben Um Nyobe en 1958, elle se rallonge d'année en année. Félix Moumié, empoisonné par un agent de la main rouge sous Ahmadou Ahidjo; Ernest Ouandié, fusillé; Patrice Lumumba, trahi par Mobutu Sésé Séko et assassiné par Moïse Tsombé; Kwamé Nkrumah trahi par ses compagnons de route et condamné à la mort en exil; Modibo Keïta empoisonné" sous le règne de Moussa Traoré; Thomas Sankara trahi et tué au nom d'une politique de rectification prônée par Blaise Compaoré, etc." (Doumbi-Fakoly, Afrique Renaissance, Silex Nouvelle du Sud.p.73)"

Rions un peu: "les pays africains veulent une place dans la gouvernance mondiale"

FMI, Banque Mondiale, Nations Unies, Commerce....ils veulent être partout pendant que l'Afrique souffre d'un déficit chronique de gouvernance. ça prête à sourire non?

Les porteurs de l'idée, Moubarak, Eyadema, Deby, Wade (père et fils), Bongo et bien d'autres "excellents" promoteurs de la bonne gouvernance en Afrique!

jeudi 19 mai 2011

Les barbus prennent leur aise au Nord Mali!

Pendant que le chef de la diplomatie malienne, parcourt le monde et multiplie des annonces médiatiques, les barbus adoptent une nouvelle stratégie comme pour dire "on n'en a rien à faire!".
Pour exemple ces dernières semaines les recrutements de populations à visage découvert dans la zone de Nampala-dogoferi (cercle de Niono) n'ont évoqué aucune réaction des autorités maliennes.
Pas plus tard que la semaine dernière un journal malien rapporte que les barbus étaient venus passer toute une journée avec 13 véhicules armés jusqu'au dents dans le village de Tichift au nord de tombouctou pour prêcher en peulh, tamasheq et arabe en abordant des sujets d'actualité mais aussi en ouvrant leur registre de recrutement de la population.
Le même groupe, cette fois avec vingt véhicules est passé au marché de zouera (vers Essakane) pour reproduire le même scénario.
On se souvient que dans les discours de ATT, il prône souvent de gagner le cœur des populations mais au vu de l'inertie totale des autorités administratives, religieuses et militaires, on se demande comment cette bataille peut être gagnée.
Il semble que l'Etat s'en fout éperdument et l'inquiétude c'est que ce laxisme soit un facteur d'encouragement au populations d'aller vers AQMI ce qui rendra la situation explosive voire définitivement ingérable dans les mois et années à venir.
Enfin, par ces gestes hautement symbolique, AQMI ridiculise l'Etat malien par sa présence sans crainte dans les communes comme pour dire "nous sommes là avec vos populations pendant que vous êtes absents et on n'a pas peur de vous".

jeudi 12 mai 2011

Précis de victimologie appliquée (1)


Sous le prétexte bienveillant d’objectivité et d’esprit critique, une certaine pratique de la parole publique s’est installée sûrement et même confortablement dans le paysage intellectuel malien. La dynamique de la présentation et de la discussion des problèmes sur les réseaux maliens s’en trouve fortement marquée. Le dernier sujet brûlant au seuil du , l’assurance maladie obligatoire (AMO). Apparemment introduite sans être expliquée (par le gouvernement), pareillement décriée et combattue (par les syndicats et leurs adhérents), cette énième controverse nous rappelle tant d’autres des derniers temps. La double adhésion à la politique du brusque dans nos affaires publiques et notre posture, maintenant devenue première nature, de nous débattre en arrière-garde, sur la défensive. Comme disait Rilke, une posture défensive au quotidien. Pas pour dire que la défense n’est pas un élément honorable de toute équipe qui gagne. Mais, plutôt que la routinisation du réflexe de rejet et d’incrimination qui s’est emparé de nous ne montre aucune issue, sinon un trou pour échouer en cale de bateau. Sous le prétexte bienveillant d’objectivité et d’esprit critique, une certaine pratique de la parole publique s’est installée sûrement et même confortablement dans le paysage intellectuel malien. La dynamique de la présentation et de la discussion des problèmes sur les réseaux maliens s’en trouve fortement marquée. Le dernier sujet brûlant au seuil du

 agressif qui l’accompagne. Nous sommes devenus ainsi des amateurs de la communication dans le sens le plus démuni du sens. On n’informe pas ou on le fait de la façon la plus parcimonieuse, parcellaire et tendancieuse possible. On claironne à tous vents, on pontifie de la façon sur la plus pathétique possible sur la déontologie, l’éthique, le patriotisme, les valeurs traditionnelles. On moralise, oui c’est la nouvelle grande endémie des intellectuels maliens … ce moralisme pessimiste et ringard qui répète à longueur de journée, comme on dit dans un certain humour suisse-alémanique, que « les choses ne sont plus comme elles n’ont jamais été ». Ceci me rappelle une observation de W.E.B Du Bois dans « De la foi des pères », à propos de la bourgeoisie noire américaine en 1903, « ils sont cultivés mais pessimistes » (« cultured but pessimistic »). Bien curieusement, il s’agit également de la couche la plus penchée vers l’idée du progrès, au point qu’apparemment plus les choses avancent (sens littéral du progrès), plus profond se creuse le tunnel au bout de la lumière. Cent ans après, on peut transposer le même regard sur les élites maliennes en compétition, qu’elles soient des cadres d’administration ou de syndicat, les pratiques et les paroles sont interchangeables. La constante est cette suffisance que chacun affiche par rapport à son acte. D’un côté, les déclarations lénifiantes sur l’action du pouvoir bienveillant et visionnaire. Cette façon de se présenter éternellement comme le porteur de cadeau à la populace du jour. Ce paternalisme qui fait partie de notre constitution sociopolitique et le

Mais, de l’autre côté, hélas, que nous offre le mouvement syndical en alternative ? Prenons le syndicat de l’enseignement supérieur, pour rester en famille avec notre linge moisi. Il se bat pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de ses membres – le corps enseignant du supérieur.  So far, so good. Je ne connais personne qui met en cause cette mission essentielle et légitime du syndicat universitaire. Et pourtant, l’ayant observé sur plusieurs années, j’ai l’impression qu’il s’est mis dans une impasse totale avec ses priorités et surtout sa communication qui paraît de plus en plus répétitive et chaotique. Le syndrome le plus frappant est l’abondante prise de parole par des porte-parole qui ne laissent aucune frontière entre le personnel et le collectif, l’informel et l’officiel, l’officieux et la version de presse. Il y a  trois ans, je me rappelle qu’il y avait encore des tentatives d’interjection de collègues qui croyaient que le syndicat est l’affaire de tous et qu’un échange démocratique, franc et pluriel armerait davantage son propos face à une administration récalcitrante. Ces efforts ne sont jamais allés loin, tant la force de l’habitude s’impose rapidement et on a depuis un an un monologue sans substance sur l’alignement des salaires dans la zone UEMOA ou des augmentations de pécules chiffrés. Quelle que soit la légitimité de ces revendications, elles sont devenues fatiguées, sinon aussi lassantes que le tâtonnement du gouvernement.

Devant la population, les deux protagonistes partagent le tort ou s’accapare des parts de tort comparables et parallèles : la cupidité (insouciante) des uns et la mauvaise foi (insouciante) des autres. Maintenant, chacun peut s’arc-bouter sur l’originalité de ses griefs et surtout sur l’irresponsabilité et le manque de fair-play de l’autre, et dans cette veine prendre à témoin la même population, dont deux parties particulièrement intéressées : les étudiants et leurs parents. Les uns sont souvent clochardisés la moitié de l’année, doublant ou multipliant ainsi les sacrifices budgétaires des autres, au delà du supportable... C’est ainsi que les deux parties ont perdu la sympathie et récolté l’apathie de larges franges de la population. Mais, plus à propos, il importe à ce stade de débattre, sans crispation, de l’intervention du syndicat dans l’espace public qu’offrent les forums maliens. Il faut faire un choix vital entre l’indulgence (et l’auto-indulgence) et le professionnalisme. Non, je n’aime pas le terme ; mais j’apprends à ne plus le détester. Le syndicat est pauvre et faible mais l’image qu’il donne de lui-même ne fait que le fragiliser encore davantage. En tant qu’organisme structuré, même avec de faibles moyens, il doit pouvoir s’appuyer sur l’intelligence et les ressources stratégiques de ses membres et alliés pour créer une modeste mais efficace capacité de communication : un site web simple et bien aménagé et mis à jour, des articles de presse courts mais édités et une documentation archivée. Certains représentants du syndicat constituent une importante mémoire institutionnelle qui, bien exploitée, donnera densité et épaisseur à l’action et la parole collectives. La parole aussi doit être sobre, tout au moins raisonnée : passer tout le temps à dire que l’enseignement est un « sacerdoce » n’a aucun sens et c’est un drame intellectuel qu’on n’arrive pas à « retraiter » de telles platitudes. Si l’enseignement était un « sacerdoce », les enseignants n’iraient pas en grève pour les augmentations de salaire. Au Mali quand même, l’enseignement est (devenu ?) un métier comme les autres et il est parfaitement légitime que ceux qui le pratiquent vivent de leur travail de façon convenable. Tenir un discours moraliste et grandiloquent sur l’éducation de nos jours ne passe pas non plus, dans la mesure où le secteur est en proie aux maux communs de la société contemporaine. Pas besoin de faire un chapelet de sujets connus, mais ni le paternalisme, ni l’opportunisme patrimonial, ni la corruption n’épargnent l’école, les enseignants, parents et étudiants. Il faut parler sur un autre ton, trouver la juste mesure, entre la fin et les moyens.

Nous sommes au début d’un débat sur l’assurance-maladie obligatoire. J’espère qu’on n’en est pas également à la fin. Voyons qu’on a pratiquement perdu de vue l’essence du débat ; ce qui confirme d’ailleurs mon observation assez datée maintenant sur notre société comme une « démocratie sans débat ». Dans la grande masse d’opinions rapidement accumulées sur le sujet, je trouve rarement un rejet radical de l’essence de la proposition. C’est la méthode qui rebute, il semble. Cependant, je dois dire que le syndrome de la « communication » au détriment de l’information joue pleinement ici aussi. Rares sont les pièces qui expliquent de façon compréhensive le système proposé, ses avantages et ses inconvénients. La grande majorité entonne un rejet bruyant souvent accompagné d’attaques très personnalisées. Je parle pratiquement au niveau de la sémiotique, du jeu de signes que nous offre ce débat en cours. J’ose dire qu’il reflète un malaise profond – celui de la responsabilité. Nous avons vu dans le passé que chaque fois que le même gouvernement a lancé une législation progressiste, il l’aura abandonnée ou vidée du contenu au premier cri d’indignation organisée. Nous avons dit que le précédent n’a pas vocation à être un cas isolé. Donc, en attendant de parler directement sur l’offre (AMO), je note qu’il s’agit d’un choix de société. L’Amérique l’a fait tout récemment et avec une importante frange résistante, ou encore rétive. Cette Amérique l’imposait pourtant aux fonctionnaires et aux étrangers (étudiants, par ex. même si mal couverts). La plupart d’entre nous vivent sous ce régime en Europe occidentale. Ceux qui sont en visite prennent soin de l’inclure dans leurs pièces s’ils veulent voir la couleur d’un visa Schengen ou autre.

En Suisse, l’AMO est pratiquement indisputable ici même si les assurés geignent sous le poids grandissant des primes mensuelles et le débat sur la pérennité du système surgit de temps à autre. On a du faire un référendum pour augmenter la TVA en 2010 (de 7.6 à 8%) pour augmenter les marges de certaines assurances sociales. Dire que la sécurité sociale est partout une œuvre visionnaire (quasi utopique) et une partie de bricolage. Je suis incapable de vous dire que le beau dispositif dont profitent les retraités d’aujourd’hui sera en place quand j’atteins leur âge. D’après les déclarations faites aux autorités françaises de l’immigration, 6% des personnes arrivant d’Afrique (du Maghreb au sud du Sahara) disent vouloir venir se faire soigner en France. Ces chiffres récents semblent confirmer la constance dans ce domaine. Alors, il faut se demander, qui va se faire soigner en Europe ? Pour quelles maladies ? Dans quelle mesure peut-on offrir des soins préventifs ou palliatifs de qualité en Afrique pour réduire au minimum cette nouvelle ligne de fuite ?

Il est évident que l’assurance maladie coûte cher à l’état et aux personnes assurées. Mais l’absence d’assurance coûte plus cher aux individus ; d’ailleurs, elle signifie la ruine certaine en cas d’accident ou de maladie grave pour une famille sans moyens. On peut même imaginer la part des virements des maliens de l’étranger consacrée aux urgences médicales dans les familles restées au pays. Parfois, des sommes récoltées de tontines et levées de fonds spontanées servent à faire rapatrier les corps de patients décédés après des soins infructueux à l’étranger–surtout en Afrique du Nord et en Europe. La maladie reste une hypothèque sociale et économique incommensurable dans nos pays. L’assurance maladie seule ne peut pas guérir une société avec une pauvreté monétaire si retranchée et aux inégalités fort croissantes. Il faut inscrire l’assurance maladie dans un système de sécurité sociale qui concerne tout le monde, même, disons surtout, ceux qui sont dans la campagne et le secteur dit « informel ». C’est à dire, l’écrasante majorité des citoyens, dont le labeur subventionne le train de vie du fonctionnariat urbain, celui-là même qui a la plus grande capacité de se faire entendre à coups de patte et de cris stridents contre l’injustice sociale.

Le bon sens veut qu’un projet social d’une telle portée soit discuté de façon claire et vraiment démocratique. Cependant, les conditions minimales pour un comportement collectif responsable au sein d’une société ouverte semblent plus que jamais éloignées chez nous. On a combattu avec succès le port de la ceinture et du casque pour le transport motorisé ; nos véhicules passent des visites techniques avec des pièces empruntées pour l’occasion. La continuation de ces victoires mortifères, sinon suicidaires, est ce combat d’arrière-garde contre l’assurance maladie. Oui, on garde nos jetons en poche et on prie que rien ne se passe. J’aurais cru qu’on se battrait bec et ongle pour donner du contenu et des contours plus ambitieux à un tel projet de sécurité sociale. Pour les dirigeants, l’impossibilité d’admettre qu’on ne peut pas transformer une société de façon durable sans accepter la confrontation des idées, la victoire ou la défaite au bout d’un échange franc, peut-être un référendum à haut risque comme celui qui a fait monter la TVA en Suisse. J’ai vu une partie de la presse française ironiser un résultat apparemment illogique. La majorité des citoyens acceptent de payer plus pour sauvegarder une composante de la sécurité sociale au lieu de s’en prendre à l’état. Une forme curieuse d’auto-taxation, alors que les Suisses n’aiment pas les impôts et taxes plus que les contribuables ailleurs. Ce n’est pas nécessairement un sacrifice juste au fait. L’augmentation de la TVA pénalise probablement davantage les familles à moyens et bas revenus. Mais chaque société doit chercher la formule qui traduit le contrat social et garantit une certaine solidarité sociale.

La socialisation des risques est la formule trouvée pour faire contribuer tout le monde en amont et assurer une prise en charge en cas de besoin (urgence, maladie, décès). Si les syndicalistes maliens croient qu’ils connaissent une autre voie royale, qu’ils l’exposent. Ceci étant dit, toute assurance et tout système de sécurité sociale dont elle fait partie est un choix et doit être même un choix déterminé, adopté à la fin d’une délibération ouverte et compréhensive. Ici, le référendum a été initié et suivi d’une documentation du pour et du contre, sans parler des campagnes de tous bords, des syndicats, patronats aux partis politiques. Les camps se battent et en fin de compte on s’arrange avec la décision sortie des urnes. Des résultats détestables peuvent sortir de ces consultations populaires mais la pratique en général fait plus de bien que de mal, dans la mesure où un pourcentage élevé de votants s’expriment de façon délibérée, après avoir lu et écouté les différents arguments. Dans le cas contraire, nous aurons toujours le genre de sautillements (un pas en avant, deux en arrière) auxquels nous assistons sur le plan social au Mali. Et pourtant, le Mali a une expérience citée en référence ailleurs–de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) pour les salariés au réseau de mutuelles qui maillent le pays. Mais, c’est là le grand paradoxe que ce pays et ses cadres ont de plus en plus de mal à s’inspirer de leurs meilleurs atouts, pour enfin embrasser l’art du possible, c’est à dire, la politique dans le sens positif et actif du terme. Je ne sais pas si on peut dissocier cette culture de l’impossibilité et de l’impuissance de l’adhésion en masse à une pratique sociopolitique qu’on est en droit d’appeler de la victimologie militante, qui a le vent en poupe – il semble.

Mohomodou Houssouba (Ecrivain malien, Bâle-Suise)

11 mai 2011