Amis de la poésie bonsoir!


"Ceux qui aiment marcher en rangs sur une musique; ce ne peut être que par erreur qu'ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement" (Albert Einstein)

Bienvenus donc chers amis.

Le revenant

mercredi 29 juin 2011

Le pouvoir des "Blakoros"

Pas d’offense ! C’est juré! Ce titre nous est inspiré par notre aîné Amadou KONE en qui nous saluons la prophétie. Lui qui, il y a bientôt trois décennies, dans un livre mémorable titré: « Sous le pouvoir des blakoros », avait trouvé l’adjectif approprié pour décrire ceux qui prétendent nous diriger aujourd’hui. Dans la description matérielle du blakoro, c’était ce jeune homme non circoncis donc, non initié, et inapte subséquemment, à jouer certains rôles noble et significatif dans la société des hommes.

Surpassant la dimension matérielle, le blakoro décrit un homme sans vertu, un lâche, un flagorneur. C’est aussi un adepte de la palinodie car, ne pouvant ni s’assumer ni assumer les responsabilités de ses actes. Porter sur le « moi » outrancier, il devient très sensible à la louanges et au superfétatoire. Tout est une épreuve de force ou de ruse pour ce personnage au courage velléitaire. Sa conduite est beaucoup plus dictée par l’émotion que par n’importe quel autre sentiment. Immodérément populiste, l’essentiel demeure chez lui l’apparence, le triomphe sans gloire. Chez les africains, en tout cas chez les sahélo sahéliens, la circoncision ne saurait être une passade ; elle est un passage obligé de l’immaturité à la maturité, de l’irresponsabilité à la responsabilité, du froussard à l’intrépide et du pantouflard au conquérant. Depuis l’époque pharaonique, il est bien connu que l’un des importants legs du peuple noir à la l’humanité est bien ce rite de passage qui fait de l’adolescent un homme tout court.
   Anecdote significatif s’il en est : dans la cour impériale des sénoufos, Tiéba, roi de tous les sénoufos, fut prit d’une ire indescriptible lorsqu’il s’aperçut que l’émissaire du pouvoir colonial, un toubab, qui n’était pas balafré, qui ne chiquait pas le tabac et probablement pas circoncis donc un blakoro, comme le cliché populaire de chez nous dépeint aujourd’hui encore l’homme blanc, venait à s’adresser à lui directement sans intermédiaire. Dans toute société il y a des rites initiatiques qui forgent et l’Homme et les mentalités collectives. Il en est de même pour les sociétés secrètes telles : le Komo chez les bambaras, le Poro chez les senoufos ou le Sagbata chez les fans. Les toubabs ne restent pas à la traîne puisque, chez les « Frères en lumière », différentes loges respectent différent rituel. Même la pègre observe les siens.
 Il arrive souvent que, par des circonstances malheureuses, ce type d’homme se hisse dans les hautes hiérarchies de la société. Arrivé au sommet de l’état par exemple, c’est tout un peuple qui assiste à la spoliation de l’image de leur pays, à la banalisation de leurs sacrés. Le président bilakoro infecte et affecte négativement, et pour longtemps, la moralité et le moral de toute une nation. C’est en cela que nous sommes tout à fait en phase avec l’analyse de notre aîné Mr KONE quand il qualifie, et à juste titre, ce pouvoir de  pouvoir des blakoros.
Voyez, au delà de l’entendement commun, le blakoro-ya est une conduite, un état d’esprit. C’est ce manque d’égard, cette absence de grâce qui honorifie et dignifie une personne, dans ses gestes et ses faits.
Le terme est souvent usité pour décrire une virago ou une femme aux agissements peu féminins, on parle alors de muso-blakoro ou de blakoro muso. C’est bien l’évidence qu’il ne s’agit pas de la simple ablation du prépuce pour entrer dans le « bois sacré » des initiés.
Nous sommes d’avis que ni les connaissances livresques, ni la fortune et ni le pouvoir ne font d’un homme un Homme. Soudainement arrivé aux commandes, le blakoro ne s’affadit pas du chef, il s’extériorise en lui et le conduit droit dans la galère. Cela nous rappelle le dicton afro-américain qui se fredonne ainsi : « On peut sortir le villageois du village mais, jamais le village du villageois ».
 Comme le saltimbanque Coumba Yalah naguère en Guinée Bissau,  Yahya J.J. Jammeh de la Gambie sied bien la raison de ce papier. Le monsieur aux plusieurs titres (Professor, Doctor, El Haj, Cheick,….dix au total). Tantôt chasseur, au figuré comme au propre, tantôt guérisseur (il se vante d’avoir trouvé le remède au VIH SIDA), ces agissements et sa mégalomanie souillent ce digne peuple. Connu plus pour ses frasques conjugaux (c’est un détachement de l’armée qui alla vider la première Première Dame de sa villa avec la consigne de ne lui laisser la moindre aiguille tandis que la troisième Première Dame âgée que de 21 ans, sa fille disons, n’aura se « titre» que pour quelques semaines)  et son excentricité, le sulfureux président se voit en rédempteur et en messie venu  éclairer la méconnue Gambie de Daouda K. Diawara. Arrivé au pouvoir dans les circonstances que nous connaissons, il s’y maintient grâce à une milice ethnique et tribale créée de toute pièce appelée : « The Greens Boys » ou encore : « The July 22nd Mouvement ». Complice de toutes sortes de violences et d’abus de tous les droits, cette milice est le bras séculier de cet « apôtre » du ridicule. Ce ne sont pas les journalistes de la trempe du défunt Deyda Hydara qui contesteront. Souhaitons qu’avec la révolte des peuples opprimés de par le monde, le pouvoir d’Abdul Aziz Jumus Junkung, nom complet de Yahya, aille vers son décours.
Il a fallu que les Etats-Unis, cette superpuissance pourtant bienfaitrice dans beaucoup de domaines, ait le sien pour que le monde entier se dresse contre elle.
Nous ferons l’économie de citer tous ceux dont le pouvoir sert d’argumentaire et de justificatif à indexer le pouvoir blakoro ; suivez simplement notre regard.                 
Cependant, nous ne pouvons finir ces lignes sans indexer le caïd de la classe, le baromètre de la chose….
 Jamais un régime, ces vingt dernières années, n’a mieux défini le blakoro-fanga  mieux que celui de la refondation en Côte d’Ivoire. Son fondement caractériel même se confond avec les extrémités du blakora-ya. Tout était fanfaronnade, violence, injure et insulte. Le mensonge et la délation n’ont jamais été autant célébrés. Opiner différemment d’eux devenait une sentence de mort. La parole donnée, la signature, la main sur le cœur, les références bibliques n’avaient pour but que de gruger systématiquement. Les téméraires qu’ils jouaient, on l’a vu à la fin de leur règne, n’était que du septième art. Le symbole de la Refondation, les dénommés « patriotes » à l’image des greens boys de Yahya Jammeh, c’est de là d’ailleurs que sort l’idée de cette milice de Gbagbo, terrorisait tout un peuple. Responsable d’innombrables actes de bestialités, ils étaient ce que le régime refondateur n’avait de mieux à brandir pour la défense de ses idéaux haineux et xénophobes. Les symboles de ce gang de blakoros, (Blé Goudé, Damanan Pickass, Bro Grébé, Dogbo Blé, Alcide Djédjé, etc.…) viennent étrangement du même caha idéologique et géographique que le chef d’orchestre de ce régime crapuleux.
La Côte d’Ivoire dégageait un « parfum » méphitique physiquement et moralement, elle était devenue comme une facétie. Pays ou les dirigeants prêchent l’hédonisme pour une frange minoritaire tout en invitant le peuple au spiritisme avec les nombreux charniers qu’ils parsemaient dans les hameaux aux confins du pays qu’ils disent aimer ; une véritable fabrique de « Lucifer » que ce régime. Quand on se laisse surprendre par les débits excessifs dans le verbe et dans les actes du Tzar et de la Tzarine ivoirien, quand on médite le prêche de leurs « hommes de dieux »  odieux et idolâtres, marchands de fusils et de canons, quand on sait le rafistolage et le bricolage qu’ont fait les refondateurs de la « gestion de la cité », on ne peut mieux se rabaisser devant la sagesse de Joseph KI-ZERBO, éh oui!, dans ce que voici : « L’expérience du monde montre que brûler les étapes, c’est brûler du même coup beaucoup d’autres choses, parfois des êtres humains, sans compter le temps lui-même, lequel a-t-on dit n’épargne pas celui qui se joue de lui ». La refondation était une aventure, des « bleus », une corporation de non initiés qui s’est retrouvé, comme l’histoire nous l’impose souvent, par accident à assumer des charges dont ils ne pouvaient avoir la décharge. Du pouvoir, ils n’ont retenu que l’étape de ce l’on peut en faire et non de ce que l’on doit en faire. Quand Dieu octroie le pouvoir à un blakoro, c’est qu’Il invite le peuple endormi à se réveiller, à se questionner et à se ressaisir. Les voies du Seigneur sont impénétrables n’est ce pas ? « Sous le pouvoir des blakoros » n’était donc pas une fiction ; nous le vivons au quotidien sur le continent Mr KONE.

Une contribution de Mr HAIDARA Chérif  (USA)